S: chapitre 7

 

Dans l’ascenseur, Shiiba libéra le souffle qu’il retenait inconsciemment. Il s’était tendu sans le vouloir. Non, cela allait au-delà d’une simple tension. Quelque chose d’indicible l’avait poussé à être sur ses gardes. Il ne saurait l’expliquer, mais il émanait de cet homme une aura menaçante très particulière, différente de celle enveloppant les gangsters. Il n’était pas un bandit, mais il n’était pas non plus quelqu’un ordinaire.

Shiiba avait déjà côtoyé bon nombre de personnes comme lui auparavant, mais ils se trouvaient très loin de cette partie de la ville. Par ailleurs, ils n’avaient fait que se croiser. Rien d’autre. Alors pourquoi son corps s’était-il autant crispé? Shiiba trouva cela étrange. Il descendit au cinquième étage et ouvrit la porte devant lui sur laquelle on pouvait lire : «Entreprises Marui».

Une réceptionniste du nom de Yumi Nishi leva le nez de son hebdomadaire et le salua dès qu’il entra :

- Oh! Monsieur Shibano, bonjour. Le boss vous attend.

Shiiba sourit.

- Merci, Yumie. Vous êtes ravissante aujourd’hui. Cette robe vous va très bien.

- Vrai… vraiment, bafouilla-t-elle, les joues virant au rouge.

Autrefois, Yumi travaillait dans l’un des bains publics d’Andou. L’endroit était inadapté à sa personnalité très douce qui permettait à quiconque de se détendre à ses côtés. C’est pourquoi après son mariage avec Nishi, le bras droit d’Andou, elle avait démissionné. Maintenant, elle était considérée comme un membre à part entière de la famille d’Andou et se chargeait depuis six mois de la réception de ce faux bureau.

Oui, en réalité, cette vaste pièce cloisonnée n’était qu’une façade, un siège social fictif permettant de couvrir les activités illégales d’Andou. Les véritables locaux des «Entreprises Marui» où l’on gérait les bains publics et autres activités aux noirs se trouvaient ailleurs.

Shiiba toqua à la porte du bureau d’Andou et l’ouvrit sans attendre de réponse. Andou, sur le point de se lever, se rassit à l’inverse de Nishi, qui déjà debout, le salua d’un signe de la tête.

- Désolé pour ce retard, leur dit Shiiba en guise de salutation.

- Non, tu as aidé Toshiaki. Merci, répliqua Andou en l’invitant à occuper un carré du sofa.

Shiiba s’exécuta en lui disant :

- Inutile de me remercier.

Il sortit une cigarette de la poche de sa veste et rajouta alors qu’Andou battait un briquet Cartier.

 - Par chance, c’était un flic que je connaissais.

Puis il rapprocha son visage de la flamme pour allumer sa cigarette.

Après avoir rejeté une bouffée de fumée, Shiiba révéla ce qui le tracassait :

- Toshiaki est sûrement surveillé par la police de Shinjuku.

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