Dans l’ascenseur, Shiiba libéra le souffle qu’il retenait
inconsciemment. Il s’était tendu sans le vouloir. Non, cela allait au-delà d’une
simple tension. Quelque chose d’indicible l’avait poussé à être sur ses gardes.
Il ne saurait l’expliquer, mais il émanait de cet homme une aura menaçante très
particulière, différente de celle enveloppant les gangsters. Il n’était pas un
bandit, mais il n’était pas non plus quelqu’un ordinaire.
Shiiba avait déjà côtoyé bon nombre de personnes comme lui auparavant,
mais ils se trouvaient très loin de cette partie de la ville. Par ailleurs, ils
n’avaient fait que se croiser. Rien d’autre. Alors pourquoi son corps
s’était-il autant crispé ? Shiiba
trouva cela étrange. Il descendit au cinquième étage et ouvrit la porte devant
lui sur laquelle on pouvait lire : « Entreprises Marui ».
Une réceptionniste du nom de Yumi Nishi leva le nez de son
hebdomadaire et le salua dès qu’il entra :
- Oh ! Monsieur Shibano,
bonjour. Le boss vous attend.
Shiiba sourit.
- Merci, Yumie. Vous êtes ravissante aujourd’hui. Cette robe vous
va très bien.
- Vrai… vraiment, bafouilla-t-elle, les joues virant au rouge.
Autrefois, Yumi travaillait dans l’un des bains publics
d’Andou. L’endroit était inadapté à sa personnalité très douce qui permettait à
quiconque de se détendre à ses côtés. C’est pourquoi après son mariage avec
Nishi, le bras droit d’Andou, elle avait démissionné. Maintenant, elle était
considérée comme un membre à part entière de la famille d’Andou et se chargeait depuis six mois de la réception de
ce faux bureau.
Oui, en réalité, cette vaste pièce cloisonnée n’était qu’une
façade, un siège social fictif permettant de couvrir les activités illégales
d’Andou. Les véritables locaux des « Entreprises Marui » où l’on gérait les bains publics et autres
activités aux noirs se trouvaient ailleurs.
Shiiba toqua à la porte du bureau d’Andou et l’ouvrit sans
attendre de réponse. Andou, sur le point de se lever, se rassit à l’inverse de
Nishi, qui déjà debout, le salua d’un signe de la tête.
- Désolé pour ce retard, leur dit Shiiba en guise de salutation.
- Non, tu as aidé Toshiaki. Merci, répliqua Andou en l’invitant
à occuper un carré du sofa.
Shiiba s’exécuta en lui disant :
- Inutile de me remercier.
Il sortit une cigarette de la poche de sa veste et rajouta
alors qu’Andou battait un briquet Cartier.
- Par chance, c’était un
flic que je connaissais.
Puis il rapprocha son visage de la flamme pour allumer sa cigarette.
Après avoir rejeté une bouffée de fumée, Shiiba révéla ce qui
le tracassait :
- Toshiaki est sûrement surveillé par la police de Shinjuku.
0 comments:
Enregistrer un commentaire