S: chapitre 6

Tandis que Shiiba marchait, son regard scrutait les alentours. Il ne pouvait se permettre d’être vu en compagnie d’un policier de Shinjuku. Fort heureusement, tout ce qu’il vit fut un groupe de jeunes qui se pavanaient quelques mètres plus loin. Rassuré, il pressa le pas et arriva à sa destination en un rien de temps.

Le bureau d’Andou se situait au cinquième étage d’un vieux bâtiment.

Shiiba appela l’ascenseur et attendit tranquillement qu’il arrive.

L’appareil ne tarda pas et ses battants s’ouvrirent en carillonnant.

Sur le point d’y monter, Shiiba s’arrêta, car quelqu’un de grande taille qu’il voyait pour la première fois se trouvait déjà à l’intérieur de l’ascenseur.

Devant cet homme et sa taille d’un mètre quatre-vingt-six, Shiiba qui mesurait pourtant un mètre soixante-seize paraissait tout petit.

Un manteau en cachemire d’un parfait noir habillait le corps bien bâti de l’homme et du gel plaquait ses longs cheveux vers l’arrière. De plus, les traits parfaitement dessinés de son visage détenaient une beauté brute qui ne passait guère inaperçue, malgré ses fines lèvres exprimant le dédain et ses yeux dépourvus d’émotions. Des yeux froids qui semblaient en quelque sorte gelés et figés dans le temps.

- Vous avez fini, Boss?

Surpris d’entendre une voix derrière lui, Shiiba se retourna pour voir un homme dans un costume noir au col Mao. Son âge avoisinait le sien. Avec ses yeux étirés et ses cheveux en queue de cheval sur la nuque, il le dépassait sensiblement d’une tête.

«J’étais pourtant sûr qu’il n’y avait personne derrière moi. Je suppose qu’il a dû me rattraper à un moment où à un autre», songea Shiiba, tandis que l’homme dans l’ascenseur répondait à sa question :

- Oui.

Et il lui dit :

- La voiture est prête.

L’homme sortit de l’ascenseur. Quand il vit que Shiiba attendait que l’élévateur soit libre pour y monter, un sourire qui n’était ni amical ni inamical jalonna la commissure de ses lèvres, mais Shiiba demeura impassible. Il se contenta de se dégager sur le côté afin de lui céder le passage.

L’homme le dépassa et une fragrance suave chatouilla ses narines. Après quelques pas, l’homme se retourna vers lui. Leurs regards se recroisèrent. Puis ils restèrent liés même lorsque Shiiba s’engouffra dans l’ascenseur et qu’il appuya sur le numéro de l’étage auquel il se rendait.

Lentement, les portes se refermèrent, détachant enfin ces deux regards qui semblaient ne guère vouloir se défaire l’un de l’autre.

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