Kabuki-cho était le plus
grand quartier chaud, non seulement du Japon, mais aussi de toute l’Asie et si
possible — du monde. S’étendant sur plusieurs kilomètres, il renfermait environ
3700 établissements et il était visité chaque jour par plus de 300 000 personnes. Une centaine
de gangs s’y étaient installés. Les bains publics illégaux, les trafics de
drogues, la prostitution et les conflits entre les organisations
internationales du crime ne faiblissaient pas, bien au contraire.
Récemment, la mafia chinoise avait même considérablement augmenté sa présence à Shinjuku tant et si bien que le Bureau de l’Immigration de Tokyo y avait ouvert une annexe. Cela, pour traiter le cas des immigrés clandestins. Celle-ci était en étroite collaboration avec la Police Métropolitaine qui couvrait Kabuki-cho.
- Le quartier général est un véritable foutoir, dit Oosako. Chaque jour est un cauchemar. Vos enquêteurs spéciaux ne cessent d’y faire des allers-retours.
Les enquêteurs spéciaux du LOC de la Police Métropolitaine étaient, pour la plupart, chargés des descentes ; surtout ceux qui s’occupaient des fraudes aux cartes de crédit et aux passeports. Lorsqu’ils avaient besoin de soutien, ils se tournaient toujours vers les policiers du poste de Shinjuku.
- Je suis fatigué de toujours courir. Mais en même temps, je dois avouer que j’aime ça.
Oosako était un inspecteur-enquêteur
chevronné dans le secteur, très doué pour les saisies d’armes et la détection
des drogues. D’ailleurs, ses supérieurs avaient reconnu ses compétences et l’avaient
nommé à juste titre à la tête des bureaux de l’Unité anti-armes et anti-stupéfiants.
Mais il avait été incapable de tenir une si lourde responsabilité. Sans doute
parce qu’il était trop honnête ?
Allez savoir.
- Comment vas-tu ?
- Couci-couça.
Je me débrouille, répondit Shiiba. J’aime pas mal ce travail de loup solitaire.
Oosako garda le silence,
comme s’il appréciait les paroles de Shiiba. Puis, il l’observa et dit :
- Ne fais rien de stupide. Si tu as des ennuis,
personne ne t’aidera. Les indices sont souvent des queues de lézard. N’oublie
jamais ça.
- Oui, acquiesça Shiiba.
- Cet Andou…
Même s’ils étaient entre
eux, Oosako parla à voix basse :
- C’est ton S ?
- Un truc du genre, oui, admit Shiiba.
- Ton S vit à Kabuki-cho ? s’étonna Oosako. Si jamais tu
as des ennuis, appelle-moi. Si je peux faire quelque chose, je le ferai.
- Merci.
Shiiba inclina rapidement la tête et les deux hommes partirent chacun de leur côté.
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