S: Chapitre 12

 Andou rajouta :

- C’est lui l’intéressé, ce n’est pas moi. Il m’a dit qu’il pouvait se procurer toutes les quantités.

L’homme était peut-être un grand démarcheur. Si tel était le cas, ce serait une très belle prise. Shiiba savait déjà ce que ses supérieurs lui diraient de faire. C’était toujours le même ordre : "pas de poursuite active, observe juste." Il devait obéir aux ordres.

- Continue de le voir, mais ne le rends pas suspicieux, conseilla Shiiba. Même s’il veut accélérer les négociations, toi, fais de ton mieux pour les retarder.

- Entendu, répondit Andou.

Andou était un excellent S. Grâce à ses informations, la police avait été en mesure de saisir une dizaine d’armes à feu et des centaines de munitions. Cependant, les gros bonnets ne voulaient pas seulement saisir des armes, mais aussi obtenir des informations sur les méthodes de livraison. Ainsi dans ce genre de cas, la police agissait avec un LC ou une Enquête de Livraison sous Contrôle.

La Livraison sous Contrôle était une méthode souvent utilisée dans les enquêtes sur les trafics de drogues où la police ne faisait pas d’arrestation en flagrance, mais sur la base d’observations suffisantes. En permettant aux trafiquants de drogues de poursuivre leurs deals, elle découvrait ainsi leur fournisseur et l’origine de la drogue. Si elle se contentait d’arrêter le vendeur final, les intermédiaires s’en tiraient à bon compte et l’organisation derrière le trafic se cachait jusqu’à ce que tout se calme. Entre la police et les criminels, c’était toujours le jeu du chat et de la souris.

Le moment était maintenant propice pour un enquêteur de terrain comme Shiiba d’employer une enquête LC. Dans le système policier actuel, il était impératif de produire des résultats et c’était exactement dans ce genre d’affaire qu’il avait de fortes chances d’en obtenir. Grâce à ses efforts, de nombreuses armes à feu avaient été découvertes dans tout le pays. Ce bilan positif plaisait à ses supérieurs. Ils lui réclamaient des chiffres et pour les avoir, ils avaient même simulé des situations où les armes de son propre S avaient été saisies.

Après plusieurs scandales résultant de ces enquêtes LC, la police avait changé sa politique. Elle ne cherchait plus les armes individuelles, mais se concentrait plutôt sur la découverte des grandes organisations derrière les ventes. Ceci dit, le public exigeait toujours les mêmes statistiques que celles des années précédentes. Or cette nouvelle approche affectait grandement les statistiques. Les attaques à main armée augmentaient tandis que baissaient les saisies d’armes. Cela était devenu un sujet de grave préoccupation pour la police.

Du coup, maintenant, les enquêteurs avaient une double responsabilité : continuer à augmenter le nombre de saisies d’armes tout en récoltant des informations sur les organisations du crime de la pègre. Ces exigences contradictoires mettaient d’incroyables pressions sur les enquêteurs de terrain.

Après leur entretien, Shiiba se leva. Il avait d’autres informateurs à rencontrer. Andou était le seul enregistré auprès de la Police Métropolitaine comme un S. Cela dit, dans cette société du crime, il y avait toujours beaucoup de personnes prêtes à lâcher des informations en échange de quelques billets.

Andou se dépêcha également de se lever et ouvrit la porte pour Shiiba. Il le faisait toujours. Mais Shiiba trouva sa conduite bien étrange, aujourd’hui. Il sentit qu’il cachait quelque chose derrière son obéissance.

- Je reviendrai. Appelle-moi, s’il y a du nouveau, dit-il.

- Oui. Merci pour l’information, répondit Andou. 

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