S: Chapitre 11

Avant l’inauguration de l’Unité Anti-armes au sein de la Division de la Sécurité Communautaire, les enquêtes sur les armes à feu étaient supervisées par l’unité 4 spécialisée dans les syndicats du crime. Cependant, parce que les attaques à main armée augmentaient régulièrement à l’inverse des saisies d’armes, qui quant à elles décroissaient, la Police Métropolitaine avait fini par abandonner les méthodes d’enquêtes conventionnelles. Les jugeant insuffisantes et rétrogrades, elle avait donc mis en place un plan de renseignements secrets qu’elle avait nommé : opération S.

Les enquêteurs gagnaient désormais la confiance de qui avait une belle position dans les organisations du crime et lui soutiraient des informations sur les trafiquants d’armes. Celui-ci était appelé un S ou un espion. On aurait dit une chose irréelle, comme un scénario de film hollywoodien, excepté que tout ceci était bien réel. La Police Métropolitaine de même que le LCO se servaient de ces informateurs S pour glaner des informations à travers toute la ville sur la pègre et son fonctionnement.

Cependant, cela n’était pas une tâche facile, loin de là. Avant tout, il fallait trouver quelqu’un acceptant de collaborer en tant qu’S. Cela était très difficile, car les enquêteurs devaient construire une solide relation de confiance avec les personnes impliquées dans les organisations du crime. Ils devaient ensuite coopérer avec celles qu’ils étaient le plus amènes d’utiliser, celles-ci étant souvent beaucoup plus que de simples criminelles. Alors pour qui avait un fort principe de morale et de justice comme un policier, par exemple, cet exercice s’avérait être une expérience psychologique très éprouvante.

Par ailleurs, même si l’on avait réussi à dénicher quelqu’un à utiliser comme un S, le danger qu’il lui arrive malheur si son identité était révélée n’était pas à négliger. De plus, rencontrer régulièrement son S signifiait qu’il y aurait forcement des situations où l’on ne pourra pas éviter de se salir les mains. La charge émotionnelle était très forte pour l’enquêteur. Elle demandait d’énormes risques personnels.

- As-tu trouvé plus ? demanda Shiiba qui revint au sujet principal.

Andou grimaça.

- Il n’y a aucun doute. C’est un trafiquant. J’ai vérifié ses comptes et lorsque je lui ai montré le fric, il a tout gobé.

Andou avait fait la connaissance d’un résident chinois par le biais de ses relations d’affaires. L’homme avait une compagnie de transit dans la capitale et il s’appelait Ying Fa Lin. Lorsque dans un bar, Andou lui avait parlé de la petite boutique d’arme qu’il avait à Ikebukuro, le Chinois s’était montré très intéressé. La boutique d’arme d’Andou était plutôt petite et il avait laissé sa gestion à quelqu’un d’autre. Cependant, elle était devenue un excellent moyen de soutirer des informations à une cible.

Andou et le Chinois s’étaient rencontrés à maintes reprises, déjà. Le Chinois était même venu voir la boutique et il avait demandé à Andou s’il ne voulait pas voir de vraies armes.

- Tu n’as pas accepté, j’espère ? s’inquiéta Shiiba.

Andou répondit immédiatement :

- Bien sûr que non !

En principe, ce n’était pas un crime en lui-même si l’informateur et l’enquêteur provoquaient un délit. Les stupéfiants étaient du ressort des agents d’exécutions antidrogue du Ministère de la Santé, du Travail et du Bien Être, tandis que la prolifération des armes à feu était l’apanage de la police et des gardes de côtes. Cependant, les négociations qui conduisaient à des arrestations dans lesquelles l’informateur avait incité ou provoqué un délit causaient toujours de gros problèmes lors de l’appréhension du criminel. Surtout dans les cas de ventes d’armes où les restrictions étaient particulièrement sévères. C’est pourquoi les investigations dans le milieu de la pègre étaient souvent très réduites. 

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