Après s’être désaltéré, Li Shuo se rendit aux toilettes pour
se laver le visage. Il jeta inconsciemment un coup d’œil par-dessus l’une de
ses épaules pour s’assurer que Zhao Jinxin ne le suivait pas encore à son insu
et s’enferma à double tour. Son reflet dans le miroir lui confirma à quel point
il était fatigué. Il observa sa mauvaise mine quelques secondes supplémentaires
avant de lâcher un petit rire.
Il n’avait pas du tout vu le temps passer. La belle surprise qu’il
avait eue durant ce vol avait en quelque sorte écourté la longueur de son
voyage. Puisqu’il avait vécu une aventure atypique qui lui avait évité tout ennui,
il n’avait donc aucune raison de s’irriter.
Il ouvrit la porte. Au premier regard, il vit Zhao Jinxin assis
sur son siège. Il le fixait, le menton appuyé contre le revers de sa paume. On
aurait dit qu’il attendait le moment où il ouvrirait la porte pour l’accueillir
avec un sourire.
Li Shuo étira ses lèvres malgré lui et regagna sa place. Il
avait déjà décidé que si Zhao Jinxin lui demandait son numéro de téléphone, il
refuserait avec politesse et fermeté. Cependant, Zhao Jinxin aborda divers
sujets excepté celui-ci.
L’avion atterrit.
Jusqu’à ce que les deux
hommes sortent de la cabine, Zhao Jinxin ne fit plus rien d’étrange. Quand ils
furent dans le hall d’arrivée, il tendit sa dextre et dit :
- Les rencontres sont entre les mains du destin. Au revoir.
Li Shuo la serra volontiers.
- Tout le meilleur. Au revoir.
Zhao Jinxin pivota sur ses talons pour s’en aller avant de
reculer de deux pas.
- On se reverra, dit-il à voix basse et esquissant l’ombre d’un
rictus.
L’air aussi décidé qu’espiègle qu’il affecta seyait à sa
figure et semblait égayer l’atmosphère autour d’eux.
Le regardant s’éloigner, Li Shuo grimaça un sourire malgré lui
sans trop prendre à cœur ses propos.
Il secoua la tête dans un signe de dénégation. Puis, à son
tour, il pivota sur ses talons et s’en alla à la recherche du chauffeur de sa
famille, un vieillard toujours bien vêtu, propre et courtois qu’on appelait
affectueusement, oncle Guang.
Le vieillard attendait depuis un certain temps déjà dans le
hall.
Quand Li Shuo l’aperçut, son cœur se réchauffa et il marcha
d’un pas empressé vers lui.
- Oncle Guang.
- Lambert, répondit oncle Guang, un sourire envahissant sur son
visage. Le vol est déjà arrivé…
Li Shuo lui donna une accolade.
- Pourquoi es-tu surpris ? s’enquit-il sans se départir de son air rieur.
Aimes-tu particulièrement m’attendre ?
- Qui aime t’attendre ? rétorqua oncle Guang qui prétendit être en
colère. Dis-moi, qui aimerait attendre une personne qui ne rentre qu’une ou
deux fois par an ? Hein ? Qui ?
Li Shuo éclata de rire.
- Toutes mes excuses. Je rentrerai plus souvent, promis.
Rentrons.
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