PORSCHE
- Quelqu’un parle de moi derrière mon dos.
Depuis hier soir, je n’arrête pas d’éternuer. Atchoum !
Jom éternua une fois de plus tout en posant sa tasse de café
sur la table en marbre. Nous étions devant le bâtiment des sciences du sport.
Je le regardais constamment, en marmonnant le mot désolé dans ma tête. J’avais
fait quelque chose. Hier, j’avais menti et donné son nom au lieu du mien au mec.
Jamais je n’accorderai facilement ma confiance à un parfait inconnu. C’était
évident. Et puis, avec ce qui s’était passé hier, qui oserait donner son véritable
nom à quelqu’un de pas net ? En outre, j’avais également
pris la montre du mec et je l’avais échangée contre une coquette somme d’argent.
Alors si jamais il me cherchait et qu’il me retrouvait, je pouvais facilement
nier mon nom. Ses paroles me vinrent à l’esprit :
« T’es mort, s’il arrive quelque chose
à ma montre. »
- Qu’est-ce que tu regardes, idiot ? demanda
un bâtard en s’asseyant à nos côtés, Jom et moi.
C’était Tem. Jom et lui étaient mes seuls amis, mes meilleurs
amis.
Je n’étais pas du genre à me lier d’amitié avec le premier
venu et surtout pas avec des étrangers. Malgré mon beau visage tout frais, j’étais
une personne renfermée qui affichait en permanence une mine rébarbative. De
plus, le tatouage de fleurs de cerisier que je portais à mon bras gauche accentuait
mon côté taciturne. Aussi, outre mon entourage, on me trouvait froid et d’abord
difficile. Parmi les personnes avec qui j’avais essayé de nouer des liens, seuls
mes deux enfoirés de potes étaient restés à mes côtés jusqu’à présent.
Actuellement, nous étions en deuxième année dans l’une des
meilleures universités du pays. La bourse d’études attribuée aux meilleurs athlètes-garçons
du pays m’y avait ouvert les portes. À l’inverse de mes potes, mes études étaient
gratuites. J’avais validé mon billet d’entrée grâce à mon titre de champion de
taekwondo. L’université prenait en charge mes frais de scolarité à condition
que je la représente lors des tournois universitaires.
- Peut-on aller trainer au bar, si on finit notre rapport,
plutôt, Porsche ? s’enquit, Jom, le garçon qui
jouait sur son téléphone.
- Avant de penser à boire, aide-moi d’abord.
Par cette réplique, Tem sous-entendait que cela faisait un bon
moment déjà qu’il était assis tout seul à cogiter sur le rapport.
J’étais comme Jom. Moi,
non plus, je ne me sentais pas du tout concerné par ce qu’il faisait. Par
conséquent, je n’avais aucunement l’intention de l’aider.
- Très bien, on y va, dès qu’on le finit, OK ?
Jom n’avait pas abandonné l’idée de se rendre au bar où je travaillais.
Ils y allaient souvent juste pour trainer, parce qu’ils étaient aussi proches
du propriétaire que je l’étais moi-même.
- OK, on ira, ai-je répondu, et Jom arrêta de jouer sur son
téléphone pour aider Tem.
Ils s’activèrent pour terminer le rapport le plus vite
possible. Toutes les trois minutes, Jom demandait si nous n’avions pas encore fini,
tandis que de mon côté, je faisais du mieux que je pouvais sans fournir le
moindre effort.
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