Aussitôt que j’entendis le montant de la somme que ce mec
comptait me verser, je posai mon sac à dos sur le champ, formai mes poings et craquai
mes articulations. Puis je procédai à quelques petits étirements, en
m’attardant particulièrement sur mes vertèbres cervicales et mes trapèzes que
je trouvais un peu tendus.
Cinquante mille. Je n’en revenais pas. Cette somme était
largement suffisante pour solder les frais de scolarité de mon petit frère.
Alors, évidemment que j’allais aider ce mec !
- Marché conclu. Si tu reviens sur ta parole, je te bute, dis-je.
Je vis un des gangsters ramasser un bâton et essayer de me
frapper à la tête. Hélas pour lui, j’avais de meilleurs réflexes que sa bande
et lui réunis. J’esquivai sa frappe avec une belle agilité. Ensuite, la semelle
de ma chaussure épousa sa mâchoire — la gauche ou la droite, je ne me souvins
plus — et puis, qu’importe, puisque je réussis à l’écarter du chemin en le
mettant au tapis d’un seul coup de pied.
Un de moins.
Un autre fonça sur moi. Cependant, mes jambes furent assez
rapides pour que je lui balance un coup de pied dans le ventre en sautant.
Le reste du gang suivit par la suite, mais aucun ne parvint à
mettre la main sur le mec.
Étant un champion des arts martiaux depuis le lycée, j’avais
déjà envoyé au tapis pas mal de gens. J’utilisai donc tout mon talent, toutes
mes compétences pour protéger cette seule personne qui se trouvait derrière
moi.
Et, puisque les truands ne pouvaient pas l’atteindre, je devins
maintenant leur cible. Un à un, ils se relayèrent pour me donner des coups de
poing. Certains touchèrent ma mâchoire et je souris au goût acidulé du sang sur
mes lèvres.
- Ça ne suffira pas à me faire tomber, bande d’enfoirés !
Je contre-attaquai.
Il plut coup de poing sur coup de poing et coups de pied sur
coups de pied. Quand enfin, tous les gangsters gémirent et tombèrent au sol, je
soulevai mon sac à dos et attrapai le mec ensanglanté qui était assis près de
la poubelle en se tenant le ventre. Je le tirai par la main et je courus vers
ma moto. Je regardai en arrière et je vis les gangsters s’élancer à nos
trousses.
- Où va-t-on ? me demanda le mec qui tenait
toujours son ventre.
- Je ne sais pas, répondis-je en prenant ses mains pour enlacer
ma taille alors qu’il regardait derrière lui les abrutis qui couraient dans notre
direction.
Je m’assurai que sa prise était bien ferme. Je ne pouvais pas
me permettre de le laisser tomber avant qu’il m’ait payé mon dû.
Rapidement, je démarrai le moteur et je roulai à plein régime.
Je regardai en arrière et je vis que quelques-uns nous poursuivaient toujours.
Cependant, je réussis à les semer en bifurquant dans la route principale. J’accélérai
sans me retourner, car ils seraient capables de monter dans une voiture et de nous
poursuivre si je n’allais pas aussi vite et loin.
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