Le gangster qui avait crié se précipita pour tirer le mec qui
me demandait de l’aide par le col de sa chemise.
Je regardai à nouveau le pauvre mec. Il souffrait. Mon cœur se
serra et je décidai de l’attirer près de moi.
- Vas-y mollo, mon frère, dis-je
calmement et avec une politesse calculée au gangster, car la moustache qui
couvrait sa bouche m’informait qu’il était bien plus âgé que moi.
Pourquoi intimidaient-ils un gamin ? me demandai-je
avant de scruter du coin de l’œil le mec que j’avais pris en pitié et dont je
tenais le bras. "Nous avons quasiment le même âge", constatai-je mentalement. De
plus, les vêtements de marque qu’il portait m’indiquaient qu’il était plutôt plein
aux as. Une brillante idée me vint alors à l’esprit et je l’arrachai totalement
des mains du moustachu pour le cacher derrière moi. Puis je les fixai. Ses
camarades et lui se rassemblaient devant moi en me regardant avec un air qui
n’augurait rien de bon.
- Ne te mêle pas de nos affaires. Donne-nous ce gosse ou tu subiras le même sort que lui.
Je répliquai après une petite réflexion :
- Et si aucune des deux propositions ne m’emballe ?
- Je t’ai dit de le lâcher ! cria alors
le moustachu.
Son impatience qui s’ajoutait à l’air menaçant de son visage me
rappela qu’effectivement cette affaire ne me concernait pas et que j’avais
encore un petit frère qui m’attendait à la maison. Sur le coup, je ne sus que
lui répondre et mes lèvres restèrent cousues. Je ne sus non plus trop quoi
faire. Pendant que j’hésitais entre livrer aux gangsters ce qu’ils voulaient et
m’interposer plus fermement au risque de me blesser, le visage ensanglanté du
pauvre mec quand ils lui pétaient la gueule me frappa l’esprit.
OK. J’admets que j’avais été insensible durant toute la durée
de son agression, que j’avais été un beau salaud pour ne pas l’avoir secouru dès
le départ. Mais comme je l’avais mentionné plutôt, je n’étais pas du genre à
aider n’importe qui, à moins d’y gagner au change.
- Aide-moi et je te donnerai une coquette somme en retour,
murmura le mec tout près de mon oreille et je pouffai.
Je ne pus m’en empêcher.
Ce petit rire moqueur fut plus fort que moi. Non, mais, ce mec croyait vraiment
que l’argent était la solution miracle à tout problème, qu’il pouvait tout
acheter avec du fric. Quel drôle de type ! Comment
osait-il m’amadouer avec de l’argent ?
- Combien ? demandai-je.
Parce que vous savez, enfin de compte, bien sûr que l’argent
pouvait m’acheter à un moment où j’en avais le plus besoin !
- Cinquante mille. Ça te va ?
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