- Merci, s’exprima la voix rauque derrière mon oreille et un
frisson longea ma colonne vertébrale.
Je pouvais sentir la tête du mec, lourde, sur mon épaule. Sa
blessure devait sans doute être grave.
- Ne me remercie pas encore, dis-je en regardant derrière moi à
travers le rétroviseur latéral.
Lorsque je m’assurai que
nous étions assez loin et que plus personne ne nous suivait, je laissai échapper
un soupir.
- Ils ne nous suivront plus. Merci encore, dit la grande figure
derrière moi, sa tête et son corps entièrement appuyés sur moi.
Je craignais qu’il s’évanouisse et qu’il tombe ensuite, alors
je pris ses mains dans ma senestre pour raffermir sa prise.
- Tiens-moi bien ou je vais mourir.
Sa voix était
soudainement devenue douce et profonde. Le ton rauque avait disparu.
Je sentis ses doigts resserrer leurs prises sur l’ourlet de
mon T-shirt.
- Merci, redit-il.
- Cinquante mille, dis-je en lui jetant un coup d’œil à travers
le rétroviseur latéral.
Il acquiesça en grimaçant de douleur et ajusta sa posture
assise.
- Allons chez moi. Je te donnerai l’argent, une fois là-bas.
Je réfléchis quelques instants. Et si ce mec était un
trafiquant de drogue ? Ou un membre de la mafia ? Je mourrai
avant même d’avoir touché mes sous.
- Inutile d’afficher cet air-là. Je ne suis pas en train de te
duper pour te tuer, commenta le mec, comme s’il avait lu mes pensées.
Nos regards se croisèrent à travers le rétroviseur et il me
sourit.
- Qui sait ? rétorquai-je.
- Ai-je l’air d’un criminel à tes yeux ?
- Et si tu avais des connexions avec des sbires ou avec des enfoirés
du même acabit que ceux de tout à l’heure ?
- He ! He, rigola-t-il avec une
expression douloureuse.
Je serais cuit, dis-je
en moi avant de lui annoncer que j’allais m’arrêter à une station-service des
environs et qu’il pourra prendre un taxi pour rentrer chez lui.
Je choisis une station-service
qui possédait un distributeur afin qu’il puisse retirer de l’argent pour me
payer.
- J’ai perdu mon téléphone et mon portefeuille.
Hé ! Espèce de menteur !
Je m’étais exclamé en tournant mon visage vers lui, car il était
toujours assis sur le siège arrière de ma moto.
- Comment as-tu pu me berner ? Je
devrais t’achever ici même.
- Oh, tu peux prendre ça. Ça vaut plus de cinquante mille, dit-il
en enlevant sa montre.
- Comment saurai-je que ce n’est pas une fausse ?
- Alors, rends-la-moi.
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