J’inspectai la montre. Même si elle était un peu usée, je
voyais qu’elle avait été fabriquée avec minutie et vendue à une centaine de
mille par là.
- OK, tu peux descendre maintenant. Mais si jamais tu m’as
trompé, j’irai te trouver pour te réduire en bouillie.
- Une minute. Puis-je emprunter ton
téléphone ? Laisse-moi appeler mon père.
OK, maintenant, on pouvait totalement me qualifier de parano. Et
s’il s’enfuyait avec mon téléphone ? Mais à
en juger par l’état lamentable dans lequel il était et sa difficulté à respirer,
il n’avait aucune chance de m’échapper.
- Quelle plaie, murmurai-je avant de lui tendre mon téléphone.
Il appuya sur quelques chiffres et quelqu’un répondit à
l’autre bout du fil. Effectivement, il appelait bien son père. Je l’entendis.
Il demanda que l’on vienne le chercher à l’endroit où nous étions.
Pendant qu’il passait le coup de fil, je l’épiais d’un doux
regard et une forte envie me vint de l’emmener aux urgences les plus proches.
J’avais beaucoup de peine à le voir respirer de la sorte. Il me
paraissait à l’agonie, comme une vache mourante. De plus, le sang qui coulait
de sa tête semblait ne pas vouloir s’arrêter de sitôt. Et si je lui disais que
je l’emmenais à l’hôpital, mais que je rajoutais trente mille balles au deal
initial, serait-il d’accord ?
- Merci encore, même si t'es un rapace.
Je me jouai les sourds.
L’on devait tout faire pour survivre. Du moins, tout ce qui était en son
pouvoir.
- Nous sommes dans la même école. Comment t’appelles-tu ?
- Comment tu le sais ?
- Ta chemise.
Je réalisai que je portais mon uniforme scolaire par-dessus mes
vêtements de travail. Maintenant, tous les deux étaient tachés de sang.
- Comment t’appelles-tu ?
Il respirait si fort qu’il avait du mal à parler. J’eus envie
de lui dire de se taire, de préserver ses forces jusqu’à ce qu’on vienne le
chercher.
- Pourquoi ? Pour qu’on vient me battre ? rétorquai-je
en levant les sourcils.
- Non. Dis-moi juste ton nom, insista-t-il.
- Pourquoi ? Pour que tu puisses l’écrire
sur le mur de ta chambre et me glorifier ?
- Si tu ne veux pas me le dire, je récupère la montre. Quant à tes
sous, tu peux toujours m’accompagner chez moi pour les récupérer.
- Jom, mon nom est Jom.
Il me fixa pendant un bon moment avant de faire demi-tour et
de s’éloigner de moi dans une démarche boiteuse. Je me demandais qui il pouvait
bien être et ce qu’il fabriquait avec ces gangsters. À court de réponses à ces interrogations,
je me contentai de hausser les épaules. Ça ne me concernait plus. Je mis mon
casque et je rentrai chez moi.
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