Erha : Chapitre 1: Ce Vénérable Meurt (4)

Mo Ran scruta ses doigts pendant qu’il mâchait et avalait la douce chair pleine du raisin. Ensuite, il leva son regard d’une manière très lente.

- C’est l’heure, se dit-il tout bas.

Le moment était venu pour lui d’aller en enfer.

Mo Ran, courtoisement surnommé, Weiyu. Premier empereur du monde de la culture.

Le chemin n’avait pas été facile pour lui d’arriver là où il en était aujourd’hui. Non seulement il lui avait fallu une puissance spirituelle exceptionnelle, mais également un culot à toute épreuve et le mépris de l’opinion des autres.

 Bien avant que Mo Ran entre en scène, le monde de la culture était dans le chaos. Les dix grandes sectes se battaient régulièrement entre elles pour l’expansion de leurs territoires. Elles étaient au coude à coude dans leurs affrontements et aucune d’elles n’était capable de se démarquer vraiment afin d’unifier toutes les sectes et diriger le monde de la culture comme il se devait. En outre, les chefs de ces grandes sectes étaient des érudits pour la plupart. Même s’ils avaient voulu s’attribuer des titres, ils se méfiaient trop de la plume des chroniqueurs et de la façon dont ils seraient dépeints dans les annales de l’histoire pour oser tenter quelque chose.

Mo Ran était différent. C’était une véritable crapule.

Il avait fait ce que les autres n’avaient jamais osé faire aussitôt arrivé dans le monde de la culture. Entre autres, gouter aux vins les plus raffinés et les plus exquis du royaume des mortels et épouser la plus belle femme du monde. Puis, il s’était d’abord établi comme “Taxian-jun”, chef du monde de la culture, avant de finir par se proclamer empereur.

Son règne fut un règne de terreur. Tout le monde devait s’incliner devant lui et quiconque s’abstenait était tué. Personne n’était exempté. Le sang, la désolation, la famine étaient encore plus présents dans le monde de la culture qu’ils ne l’étaient avant sa gouvernance. D’innombrables justiciers moururent en martyrs, et la secte Rufeng, l’une des dix grandes sectes, fut anéantie.

Plus tard durant son règne tyrannique, même son estimé maitre ne put échapper à ses griffes démoniaques. Dans l’ultime combat qui les opposait, il vainquit puis emprisonna l’homme qui le chérissait dans son palais et aucun des autres disciples de ce dernier ne sut ce qu’il était devenu.

Aujourd’hui, plusieurs décennies après ce féroce combat, la terre à l’herbe tendre, aux rivières limpides et aux mers calmes, gisait sous la brume putride du pandémonium.  

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