Mo Ran scruta ses doigts pendant qu’il mâchait et avalait la douce
chair pleine du raisin. Ensuite, il leva son regard d’une manière très lente.
- C’est l’heure, se dit-il tout bas.
Le moment était venu pour lui d’aller en enfer.
Mo Ran, courtoisement surnommé, Weiyu. Premier empereur du
monde de la culture.
Le chemin n’avait pas été facile pour lui d’arriver là où il en
était aujourd’hui. Non seulement il lui avait fallu une puissance spirituelle
exceptionnelle, mais également un culot à toute épreuve et le mépris de
l’opinion des autres.
Bien avant que Mo Ran entre
en scène, le monde de la culture était dans le chaos. Les dix grandes sectes se
battaient régulièrement entre elles pour l’expansion de leurs territoires. Elles
étaient au coude à coude dans leurs affrontements et aucune d’elles n’était
capable de se démarquer vraiment afin d’unifier toutes les sectes et diriger le
monde de la culture comme il se devait. En outre, les chefs de ces grandes
sectes étaient des érudits pour la plupart. Même s’ils avaient voulu s’attribuer
des titres, ils se méfiaient trop de la plume des chroniqueurs et de la façon
dont ils seraient dépeints dans les annales de l’histoire pour oser tenter
quelque chose.
Mo Ran était différent. C’était une véritable crapule.
Il avait fait ce que les autres n’avaient jamais osé faire
aussitôt arrivé dans le monde de la culture. Entre autres, gouter aux vins les
plus raffinés et les plus exquis du royaume des mortels et épouser la plus
belle femme du monde. Puis, il s’était d’abord établi comme “Taxian-jun”, chef
du monde de la culture, avant de finir par se proclamer empereur.
Son règne fut un règne de terreur. Tout le monde devait
s’incliner devant lui et quiconque s’abstenait était tué. Personne n’était
exempté. Le sang, la désolation, la famine étaient encore plus présents dans le
monde de la culture qu’ils ne l’étaient avant sa gouvernance. D’innombrables justiciers
moururent en martyrs, et la secte Rufeng, l’une des dix grandes sectes, fut
anéantie.
Plus tard durant son règne tyrannique, même son estimé maitre ne
put échapper à ses griffes démoniaques. Dans l’ultime combat qui les opposait,
il vainquit puis emprisonna l’homme qui le chérissait dans son palais et aucun des
autres disciples de ce dernier ne sut ce qu’il était devenu.
Aujourd’hui, plusieurs décennies après ce féroce combat, la
terre à l’herbe tendre, aux rivières limpides et aux mers calmes, gisait sous
la brume putride du pandémonium.
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