Mon cœur s’arrêta, et mes pensées se transformèrent en cendres/ Pourtant, de façon inattendue, la lumière du printemps brilla à travers la nuit froide. / Se pourrait-il que les cieux aient pris en pitié le brin d’herbe dans la vallée isolée ? / Pourtant, je crains que le monde ne soit imprévisible et ne soit rempli que d’épreuves. »
La voix claire d’une femme lui parvint aux oreilles. Les vers
poétiques qui tombaient en cascade comme des pierres précieuses devaient être
agréables aux oreilles. Cependant, pour Mo Ran, ces doux murmures étaient une
source de migraine atroce. Les veines de son front saillaient et palpitaient au
point où il avait l’impression que sa tête exploserait à tout moment.
« C’est
quoi tout ce boucan ? ! D’où
vient cette banshee qui gémit ?
! Serviteurs, jetez cette salope hors de la montagne ! »
Ce n’est qu’après avoir beuglé ces mots que Mo Ran réalisa, en
sursaut, que quelque chose n’allait pas. N’était-il pas censé être mort ?
La haine, le froid, la douleur, la solitude… tout cela devint
comme un poignard que l’on planta dans sa poitrine et ses yeux s’ouvrirent d’un
coup.
Tous les souvenirs de ce qui s’était passé juste avant sa mort
s’éparpillèrent comme des flocons de neige emportés par le vent. Il se retrouva
allongé sur un lit ; ce
n’était pas son lit au Pic Sisheng, mais un lit sculpté d’un dragon et d’un
phénix, dont le bois était très odorant. La literie usée était colorée de rose
et de violet et brodée de canards mandarins — le genre de lit que l’on ne trouvait
que dans un bordel.
Mo Ran se figea. Il savait où il était. C’était le gîte près
du pic Sisheng. (Ce soi-disant « gite » était en fait un simple « bordel » — venez pour le plaisir, sans
contraintes).
Dans sa jeunesse, Mo Ran avait traversé une période de
débauche au cours de laquelle il passait clairement ses nuits dans ce dit gîte.
Mais cet endroit avait été vendu et transformé en boutique de vin il y a
longtemps, alors qu’il avait vingt ans. Parmi tous les endroits qui existaient
dans ce monde, comment avait-il pu atterrir là, après sa mort ?
Avait-il commis trop de transgressions au cours de sa vie et causé
du tort à énormément de gens, au point que le Roi des Enfers l’avait puni en le
faisant se réincarner en prostitué pour prendre des clients ?
Mo Ran se retournait sans cesse dans le lit alors que s’emballait
son imagination et sans s’y attendre, il se retrouva face à face avec une
personne endormie.
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