Erha : Chapitre 1: Ce Vénérable Meurt (12)

Mo Ran observa Xue Meng d’un air imperturbable alors qu’il endurait la douleur atroce qui broyait ses organes. Ses lèvres se retroussèrent en un rictus et il s’appuya contre le dossier de son trône. Les ténèbres obstruaient sa vue. C’était comme s’il pouvait sentir ses entrailles qui se déchiraient, s’émietter et se liquéfier en une sorte de bouillie aussi sanglante que fétide.

- Te le rendre? rétorqua Mo Ran avec indolence. Quelle bêtise! Pourquoi n’utilises-tu pas ton cerveau pour réfléchir un petit peu? Shizun et moi partageons une haine très intense l’un pour l’autre. Comment pourrais-je lui permettre de vivre dans ce monde?

- Toi!

Le visage de Xue Meng devint livide et ses yeux s’élargirent tandis qu’il reculait involontairement.

- Tu ne peux pas avoir… Tu n’as pas pu…

- Je ne peux pas avoir quoi?

Mo Ran émit un doux rire.

- Et si tu me disais ce que je ne peux pas avoir faire?

La voix de Xue Meng trembla.

- Mais c’est ton… C’est toujours ton shizun, après tout… Comment pourrais-tu supporter de le tuer?

Il leva la tête pour regarder Mo Ran assis sur son trône d’empereur.

Le ciel avait Fuxi, l’enfer avait Yanluo, et dans le royaume des mortels, il y avait Mo Weiyu.

Mais aussi loin que Xue Meng en était concerné, même si Mo Ran était devenu l’éminent empereur du royaume des mortels, il n’aurait jamais pu faire ça. Son corps tremblait de partout tandis que coulaient ses larmes d’indignation.

 - Mo Weiyu, es-tu encore humain? Autrefois, il a…

Mo Ran leva le sourcil.

- Autrefois, il a quoi…?

- Tu sais très bien comment il t’a traité, autrefois, dit Xue Meng, la voix tendue par l’émotion.

Mo Ran s’esclaffa tout d’un coup.

- Veux-tu me rappeler qu’il m’a battu si fort qu’il m’a laissé couvert de coupures et d’ecchymoses? Qu’il m’a obligé à m’agenouiller devant toute l’assemblée pour confesser mes crimes? Ou bien veux-tu me rappeler que pour ton bien, pour le bien de tous ces rebuts sans importance, il s’est mis en travers de mon chemin à chaque instant, ruinant à maintes reprises mes grands projets?

Xue Meng secoue la tête, peiné.

Non, Mo Ran. Réfléchis-y. Laisse tomber ta haine et tourne ton regard vers le passé. Il t’a autrefois enseigné la culture, les arts martiaux et l’autodéfense. Il t’a appris à lire et à écrire, t’a enseigné la poésie et la peinture. Il a appris à cuisiner pour toi, même s’il était très maladroit et qu’il se coupait régulièrement les doigts.

Il fut un temps, où il… il fut un temps, où il attendait, chaque jour, seul, à l’entrée du Pic, que tu reviennes, de la tombée de la nuit… au lever du jour…

Chapitre précédent

Chapitre suivant