Mo Ran observa Xue Meng d’un air imperturbable alors qu’il endurait
la douleur atroce qui broyait ses organes. Ses lèvres se retroussèrent en un
rictus et il s’appuya contre le dossier de son trône. Les ténèbres obstruaient
sa vue. C’était comme s’il pouvait sentir ses entrailles qui se déchiraient, s’émietter
et se liquéfier en une sorte de bouillie aussi sanglante que fétide.
- Te le rendre ? rétorqua Mo Ran avec indolence.
Quelle bêtise ! Pourquoi n’utilises-tu pas ton cerveau pour
réfléchir un petit peu ? Shizun et moi partageons une
haine très intense l’un pour l’autre. Comment pourrais-je lui permettre de vivre
dans ce monde ?
- Toi !
Le visage de Xue Meng devint livide et ses yeux s’élargirent tandis
qu’il reculait involontairement.
- Tu ne peux pas avoir… Tu n’as pas pu…
- Je ne peux pas avoir quoi ?
Mo Ran émit un doux rire.
- Et si tu me disais ce que je ne peux pas avoir faire ?
La voix de Xue Meng trembla.
- Mais c’est ton… C’est toujours ton shizun, après tout… Comment
pourrais-tu supporter de le tuer ?
Il leva la tête pour regarder Mo Ran assis sur son trône
d’empereur.
Le ciel avait Fuxi, l’enfer avait Yanluo, et dans le royaume
des mortels, il y avait Mo Weiyu.
Mais aussi loin que Xue Meng en était concerné, même si Mo Ran
était devenu l’éminent empereur du royaume des mortels, il n’aurait jamais pu
faire ça. Son corps tremblait de partout tandis que coulaient ses larmes d’indignation.
- Mo Weiyu, es-tu encore
humain ? Autrefois,
il a…
Mo Ran leva le sourcil.
- Autrefois, il a quoi… ?
- Tu sais très bien comment il t’a traité, autrefois, dit Xue
Meng, la voix tendue par l’émotion.
Mo Ran s’esclaffa tout d’un coup.
- Veux-tu me rappeler qu’il m’a battu si fort qu’il m’a laissé
couvert de coupures et d’ecchymoses ? Qu’il m’a
obligé à m’agenouiller devant toute l’assemblée pour confesser mes crimes ? Ou bien
veux-tu me rappeler que pour ton bien, pour le bien de tous ces rebuts sans
importance, il s’est mis en travers de mon chemin à chaque instant, ruinant à
maintes reprises mes grands projets ?
Xue Meng secoue la tête, peiné.
Non, Mo Ran. Réfléchis-y. Laisse tomber ta haine et tourne ton
regard vers le passé. Il t’a autrefois enseigné la culture, les arts martiaux
et l’autodéfense. Il t’a appris à lire et à écrire, t’a enseigné la poésie et
la peinture. Il a appris à cuisiner pour toi, même s’il était très maladroit et
qu’il se coupait régulièrement les doigts.
Il fut un temps, où il… il fut un temps, où il attendait, chaque
jour, seul, à l’entrée du Pic, que tu reviennes, de la tombée de la nuit… au lever
du jour…
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