Mo Ran était assis dans son palais, les yeux fermés et le
visage d’une pâleur mortelle.
Xue Meng avait deviné juste. Mo Ran était déterminé à mourir. Cette
tombe dehors avait été creusée par ses propres mains. Il y a deux heures, il
avait utilisé un sort de communication pour congédier ses serviteurs. Puis il avait
avalé un poison mortel qui, au fur et à mesure qu’il se répandait lentement en
lui, annihilait sa florissante culture. Petit à petit, il commençait à ressentir
les effets du poison de même que cette agonie suprême qui l’accompagnaient alors
qu’il désintégrait, un par un, ses organes internes.
Les portes de la salle s’ouvrirent avec un grincement.
Mo Ran garda ses paupières closes.
- Xue Meng. C’est toi, n’est-ce pas ? s’enquit-il
simplement en râlotant. Tu es venu ?
Xue Meng se tenait sur le pavé doré de la salle, seul, sa
queue de cheval se balançant librement dans le vent, sa légère armure étincelant.
C’était une réunion de disciples qui avaient été dans la même
secte, autrefois. Pourtant, le visage de Mo Ran était dénué d’expression. Il était
assis là, le menton appuyé sur une main. Ses longs cils épais et fins, tel un rideau,
voilaient son regard.
On parlait de lui comme s’il était un monstre sauvage à trois
têtes et six bras, mais il était exceptionnellement beau en vérité. L’arête de
son nez était délicatement courbée. La couleur de ses lèvres était pâle et
rosée. Quant à ses traits, ils avaient un aspect naturellement doux et tendre.
Si l’on ne regardait que son visage, l’on croirait qu’il était quelqu’un de bon
et de charmant.
Voir ce visage était tout ce dont Xue Meng avait besoin pour
confirmer ses soupçons — Mo Ran s’était empoisonné. Il éprouva des difficultés
à décrire ses sentiments à cet instant précis, et quand il ouvrit la bouche
pour s’exprimer, aucun mot n’en sortit. Alors il se contenta de serrer les
poings et de demander :
- Où est Shizun ?
- Quoi ?
- J’ai dit : où est Shizun ? redemanda-t-il brusquement pour la seconde fois. Le tien, le mien, notre Shizun. Où est-il ?
- Oh, souffla doucement Mo Ran.
Puis, finalement, de manière très lente, il ouvrit les yeux.
Ses pupilles étaient sombres, si noir qu’elles semblaient avoir des tâches
violet, et son regard, avant qu’il se focalise pour de bon sur Xue Meng debout
sur le seuil da salle du trône, parut voyager à travers les épaisses couches du
temps depuis un lointain passé.
- En y pensant, cela fait deux ans
que Shizun et toi ne vous êtes pas rencontrés face à face, depuis vos adieux au
Palais de Kuniun Taxue.
Mo Ran sourit faiblement.
- Xue Meng, te manque-t-il ?
- Assez de sonnettes ! Rends-le-moi !
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